Sophie Swaton: «La planète arrive à un point de rupture»
Difficile de donner tort à ceux qui nous prédisent «l’effondrement globalisé», selon la philosophe et économiste à l’Université de Lausanne. Plusieurs limites de notre planète ont été dépassées et la situation en Suisse pourrait se détériorer ces prochaines années déjà. Comment cohabiter avec cette ambiance de déclin?
Manifestations citoyennes. Rapports alarmistes. Initiatives privées ou publiques. Déclics personnels. Ces derniers mois, le sentiment d’urgence face au réchauffement climatique s’intensifie. Le 15 mars prochain, une manifestation est d’ailleurs prévue en Suisse comme dans le reste du monde pour appeler à une prise de conscience générale sur cette problématique.
Mais, à en croire certains, le climat ne serait qu’un problème parmi d’autres. En France notamment, le discours des «collapsologues», apôtres d’un chaos imminent, a toujours plus d’écho. Troisième guerre mondiale, déforestation, pic pétrolier, crises migratoires, assèchement des terres… Selon eux, «l’effondrement général» de notre civilisation devrait survenir d’ici à 2025 et transformer radicalement l’Europe (et la Suisse).
Sophie Swaton, philosophe devenue économiste, maître d’enseignement à l’Université de Lausanne, connaît bien ce courant de la collapsologie, «très à la mode». Et, aussi dramatique soit-il, elle a de la peine à lui donner tort.
Le Temps: Est-ce que l’état de la planète est aussi angoissant que le prétendent les plus sombres prédicateurs de «l’effondrement»?
Sophie Swaton: C’est bien sûr commode de croire à un complot de bobos-écolos-communistes-socialistes. Mais les faits sont têtus.