Appel international pour les victimes de Chevron
Quelque 260 ONG appellent Quito à faire appliquer la condamnation de la transnationale pétrolière.
EQUATEUR
«Monsieur le Président, nous voudrions vous dire que nous ne comprenons pas l’orientation que prend actuellement votre gouvernement dans cette affaire.» Mardi, Journée internationale anti-Chevron, les défenseurs des victimes équatoriennes de la firme étasunienne sont montés au créneau. Dans une lettre ouverte adressée à Lenin Moreno, quelque 260 ONG et mouvements sociaux s’inquiètent du peu de soutien apporté par l’Equateur à ses populations indigènes dont les territoires ont été très gravement pollués par des déversements sauvages d’hydrocarbures.
La lettre, déposée dans une dizaine d’ambassades à travers le monde, rappelle que Chevron a été condamnée en 2011 par la justice équatorienne à verser 9,5 milliards de dollars pour réparer les dommages causés durant plus de deux décennies d’exploitation pétrolière en Amazonie. En septembre dernier, la société californienne a toutefois obtenu qu’un tribunal d’arbitrage privé interdise à Quito d’appliquer la sentence. Un ukase jugé «inconstitutionnel» et «inapplicable en Equateur» par les victimes et leurs alliés.
Surtout, «cette décision créerait un dangereux précédent au niveau international qui pourrait inciter d’autres tribunaux d’arbitrage similaires à se placer au-dessus des cours de justice nationales, affaiblissant ainsi les fondements de l’Etat de droit», poursuivent les signataires, dont Via Campesina, la Marche mondiale des femmes, FIAN International, Friends of the Earth Europe et une quinzaine d’organisations suisses comme le CETIM, Solifonds, la Société pour les peuples menacés, Noé 21, GPclimat-GE ou encore Climat et justice sociale.